Entrée n°20

Les manifestations se sont multipliées tout au long du mois d’août au Honduras contre l'établissement de Zones d'emploi et de développement économique (Zonas de empleo y desarrollo éconómico, ZEDE). Inscrite dans la loi en 2013 après un coup de force législatif de l'actuel président Juan Orlando Hernández avec l'appui de milieux d'affaires américains, leur création doit permettre d'attirer des investisseurs étrangers et des activités industrielles par l'établissement, dans de vastes régions du pays, d'une fiscalité plus faible qu'ailleurs, d'un accès à une main d’œuvre nombreuse et bon marché et de normes sociales et environnementales assouplies. En outre, la loi prévoit de confier la gestion des moyens de police, de justice et de détention à l'administration privée de chaque zone. Cette dernière dispose enfin de facilités d'accès au foncier par l'expropriation afin de simplifier l'installation des activités de production. Leurs détracteurs les considèrent comme les héritières des enclaves bananières (comme celles de la célèbre United Fruit Company) et dénoncent une forme de néocolonialisme ultralibéral. Leurs craintes portent en particulier sur la perte de souveraineté du peuple sur une large portion du territoire national et sur le risque de voir ces enclaves devenir des refuges pour les narcotrafiquants et les hauts fonctionnaires poursuivis par la justice, dans un pays à la corruption endémique. L'ONU a exprimé en juin dernier sa préoccupation vis-à-vis du risque d'atteintes aux droits de l'homme au sein de ces ZEDE. Pour autant, le journaliste Marcel Barang rappelait dans un article paru en janvier 1981 dans le Monde Diplomatique que le modèle des zones franches, dont les ZEDE sont le dernier développement, avait largement bénéficié à cette époque du soutien de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), dans l'optique d'industrialiser les pays en développement dépendants des exportations de produits de base. « Plus généralement » ajoutait t-il, « les organismes internationaux tels que la Banque mondiale ont fait leur la stratégie d’"industrialisation orientée vers l’exportation" qui sous-tend la prolifération des zones franches ; ils exercent de fortes pressions sur les pays récipiendaires de leur aide pour les intégrer dans ce projet global. »

Cette stratégie d'« industrialisation orientée vers l'exportation » n'a semble t-il pas réduit la dépendance de nombreux pays en développement. Dans un rapport publié le 8 septembre, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) indique qu'une centaine de pays restent dépendants des exportations de produits de base, c'est-à-dire agricoles, miniers et combustibles. La volatilité de la valeur de ces produits, liée à la concurrence internationale et aux aléas climatiques, fait peser un risque financier permanent sur ces économies.

Trente ans après sa naissance, le Web compterait plus de 5 milliard d'utilisateurs (soit les deux tiers de la population mondiale) selon les estimations d'Internet Live Stats. Mais sa promesse d'universalité se trouve confrontée à un héritage technologique embarrassant, à une gouvernance difficile et à des inégalités grandissantes, comme en témoignent plusieurs articles publiés le mois passé. En France, l'ingénieure d'études en communications et rédactrice en chef de la Revue des Médias Françoise Laugée revient sur le lent déploiement de la fibre optique dans les zones non rentables, tout en signalant la dégradation du réseau téléphonique cuivre qui contribue à isoler des territoires entiers. Toujours en France, deux enquêtes de Marie Charrel pour le Monde évoquent la dématérialisation des démarches, la numérisations des métiers et de la vie sociale qui constitueraient un problème pour près de 17% des français éloignés de l'internet. De son côté, Stéphane Bortzmeyer fait état du litige qui oppose le registre d'adresses IP Afrinic, qui attribue les adresses IP pour le continent africain, à un revendeur d'adresses IP chinois immatriculé aux Seychelles. Dans l'attente du jugement, ce dernier a obtenu le gel des comptes bancaires d'Afrinic, faisant craindre des dysfonctionnements graves de l'internet africain. La pénurie d'adresses IPv4 aurait fait tripler leur prix sur le marché secondaire selon l'Internet Gouvernance Project, alimentant l'appétit des entreprises étrangères pour le stock d'adresses africain.

Échos de la mondialisation

« (N)ous avions identifié plus d'une vingtaine d'agents du renseignement (...) ayant géolocalisé leurs footings sur Strava, le réseau social des sportifs. Plutôt que d'activer (ou de désactiver) leur GPS à quelques centaines de mètres des "zones protégées" (...), ils l'avaient fait à l'intérieur des QG ou annexes des services de renseignement. (...) (A)u moins deux d'entre eux l'avaient également fait en mission, à l'étranger, et plus de la moitié à leurs domiciles (...). » Jean-Marc Manach, journaliste à Next INpact

« Général Li, je veux vous assurer que l’État américain est stable et que tout va bien se passer. (...) Nous n’allons pas attaquer ni mener d’opérations militaires contre vous. » Mark Milley, Chef d'état-major de l'armée américaine sous la présidence de Donald Trump, à Li Zuocheng, chef d'état-major de la Commission militaire centrale de l'armée populaire de libération