Entrée n°26

La pénurie de lait infantile aux États-Unis se poursuit après un pic au mois de mai, et ce malgré la mise en place de mesures d'exceptions par le gouvernement. De multiples facteurs sont avancés, parmi lesquels le manque de main d’œuvre et les ruptures dans les chaînes d'approvisionnement en matières premières venant de Chine en raison de la pandémie de Covid-19, l'inflation qui pousse les famille à faire des réserves de produits essentiels, mais surtout l'arrêt de la production d'un des plus grands fournisseurs étasuniens, Abbott Nutrition, incriminé dans des cas d'infections aux cronobacters. La situation, qui touche particulièrement les plus précaires, profite aux entreprises européennes comme Danone et Nestlé qui ont multiplié les expéditions vers les États-Unis. Chaque scandale sanitaire permet au marché de se recomposer et constitue de fait une opportunité pour les multinationales de l'agroalimentaire. En 2008, la commercialisation en Chine de lait infantile frelaté à la mélamine a provoqué l'hospitalisation de dizaines de milliers de nourrissons et l'effondrement de la production nationale. Les industriels européens (comme le breton Sodiaal) ont alors tenté d'inonder le marché chinois à grands renforts d'investissements et de partenariats, avant de déchanter. L'émergence d'un leader national (Feihe) face à une concurrence laminée, l'impact de la pandémie sur les expéditions de lait infantile européen et la baisse durable de la natalité chinoise ont calmé leurs appétits. D'autant que le secteur agroalimentaire européen n'est pas exempt de scandales. En 2017, la vente pendant plusieurs mois de lait infantile contaminé à la salmonelle provoque des dizaines d'hospitalisations et son producteur, Lactalis, est accusé d'avoir voulu dissimuler son implication. Une enquête est toujours en cours.

Fin avril, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) s'inquiétait de l'augmentation remarquable des cas de rougeole dans le monde sur les deux premiers mois de l'année, par rapport à 2021. L'institution avance plusieurs explications, notamment « (l)es perturbations liées à la pandémie, l’aggravation des inégalités en matière d’accès aux vaccins et la réaffectation des ressources destinées à la vaccination de routine ». Venant confirmer ces inquiétudes, des épidémies de maladies résurgentes et des cas rares de contamination à des virus exotiques ont été signalés le mois dernier. Le continent africain a été particulièrement touché par des épidémies de rougeole au Liberia et de choléra en Zambie et en Tanzanie, tandis que le Mozambique a déclaré un cas de poliovirus sauvage étranger au continent. En avril, les autorités sanitaires de la province d'Ituri en République Démocratique du Congo ont déclaré la neuvième épidémie de peste bubonique connue de la région, dont la propagation aurait été facilitée par les déplacements de populations qui se sont multipliés dans cette région particulièrement instable. Trois cas mortels d'Ebola ont également été confirmés dans l'ouest du pays. Dans le même temps, le pays est confronté à la rougeole, à la variole du singe, à la fièvre jaune, mais aussi à des cas de poliovirus dérivé de vaccins, alors qu'une cinquième vague épidémique de Covid-19 se profile à l'horizon. En Europe, c'est la multiplication de cas de variole du singe qui a fait l'actualité épidémiologique. Un mois après la découverte du premier patient atteint par la maladie au Royaume-Uni, plus de mille contaminations ont été confirmées à travers le monde, essentiellement hors des régions d'Afrique équatoriale et de l'Ouest où le virus est endémique. La variole du singe aurait profité de la faible couverture vaccinale contre cette famille de virus pour se propager. La variole étant considérée comme disparue depuis 1980, son vaccin n'est plus systématiquement administré depuis plusieurs décennies.

Échos de la mondialisation

« Le grand transfert de rebut arrive. (...) On estime que l'ensemble des canadiens héritera d'un milliard de dollars au cours des dix prochaines années - le plus grand transfert de richesse de l'histoire. Mais tous ces portefeuilles d'investissement et ces biens immobiliers (...) s'accompagneront de piles et de piles de trucs dont on ne saura pas quoi faire. » Erin Anderssen, journaliste

« Haïti devient le premier et le seul pays à voir plusieurs générations de descendants d’esclaves verser des réparations financières aux héritiers de leurs anciens maîtres. (...) C’est ce qu’on appelle souvent “la dette de l’indépendance”. L’appellation est cependant trompeuse. C’était une rançon. (...) D’après nos calculs, Haïti a déboursé environ 560 millions de dollars en valeur actualisée. » Catherine Porter, Constant Méheut, Matt Apuzzo et Selam Gebrekidan, journalistes