Entrée n°22

Simon Kofe, ministre des affaires étrangères des îles Tuvalu, a mis en scène les menaces qui pèsent sur l'état insulaire en apparaissant les pieds dans l'eau lors de son adresse à la 26ème Conférence des parties sur les changements climatiques (COP26) qui s'est déroulée début novembre. À terme, une combinaison de plusieurs menaces devrait rendre l'archipel inhospitalier, voire inhabitable. Tuvalu a connu la pire sécheresse de son histoire entre juin et août dernier, avec des précipitations moyennes équivalentes à 25% de la normale, alors que l'eau de pluie est le principal accès à l'eau douce de la population. Ces îles basses font également face à des ouragans plus fréquents et au recouvrement régulier des terres par la mer, avec pour conséquences une augmentation des surfaces terrestres touchées par la salinisation et l'infertilité, comme le signalait le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) dans son cinquième rapport en 2014. Le chercheur de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) Sougueh Cheik résume pour The Conversation les enjeux de ce phénomène de salinisation excessive des sols, qui touche un milliard d'hectares dans le monde, soit 7% de la surface terrestre de la planète. L'auteur souligne que le phénomène est étroitement lié à l'irrigation inappropriée des terres agricoles et impacte particulièrement les zones arides. Une situation observable grâce à la carte publiée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en octobre, qui estime que « 20 à 50% des sols irrigués sur l’ensemble des continents sont trop salés ».

Autre mise en scène, via le réseau social TikTok cette fois, celle de la vague de démissions qui touche les États-Unis depuis le printemps dernier. Citant le professeur de management Anthony Klotz, la rédaction de France 24 / les Observateurs note que la « Grande Démission » (The Great Resignation) concerne plutôt une minorité de salariés aisée et extravertie : « ceux qui conservaient un poste qu'ils auraient quitté sans le Covid, ceux qui ont expérimenté des niveaux accrus d'épuisement professionnel, ceux qui ont eu des 'épiphanies pandémiques' conduisant à des changements de style de vie, et enfin ceux qui ne veulent tout simplement pas retourner dans un environnement de bureau ». 3% des salariés étasuniens auraient démissionné en septembre (contre 2% en moyenne sur les dix dernières années) selon Alternatives Économiques, qui met ce phénomène en regard de la vague de grèves qui secoue le pays depuis le mois d'octobre. Dans un pays à la législation hostile aux syndicats, ce mouvement d'une ampleur rare (surnommé « Striketober ») trouverait sa source dans la généralisation de situations de travail précaires (sous-effectif chronique et multiplication des heures supplémentaires pendant la pandémie), l'inflation et la hausse des prix d'environ 5% sur une année et l'absence de répercussion des gains de productivité sur les salaires. Ce fort mécontentement est doublé d'un contexte plutôt favorable aux salariés, la reprise économique réclamant une main-d’œuvre que les entreprises peinent à trouver.

Les 193 états membres de l'UNESCO ont adopté la première Recommandation sur l'éthique de l’IA le 24 novembre dernier. Les états signataires, qui devront transcrire cette recommandation dans leur droit national, devront s'assurer que le déploiement d'intelligences artificielles non seulement ne porte pas atteinte aux droits de l'homme et aux objectifs de développement durable, mais les favorise. Ainsi, ils s'engagent à faire respecter la protection des données personnelles, à interdire les systèmes de notation sociale et de surveillance de masse, à mettre en œuvre des outils d'évaluation de l'impact des IA sur les sociétés et à privilégier des systèmes économes en données et en énergie. Selon l'UNESCO, un tel cadre permettra de garantir que les décisions prises par des « systèmes intelligents » seront « équitables, transparentes et contestables ». Cet accord sur l'IA intervient alors que la technologie continue de produire son lot de fantasmes, de craintes et de supercheries : le directeur scientifique de Renault Luc Julia semble lui-même ne pas croire à l'existence d'un véhicule autonome dans le futur et rejette l'idée d'une forme d'intelligence artificielle comparable à l'intelligence humaine, tandis que la société londonienne d'investissement MMC Ventures, spécialisée dans les secteurs technologiques porteurs, affirme que « 40% des prétendues startups d'IA » ne présentent « aucune preuve d'utilisation réelle de l'intelligence artificielle dans leurs produits IA », qui reposeraient en fait sur du travail humain.

Échos de la mondialisation

« Le GFW (Great FireWall, système de censure de l'internet chinois) emploie une combinaison de techniques et y échapper n'est pas facile (et peut, si vous êtes en Chine, attirer l'attention de gens assez désagréables et en uniforme). » Stéphane Bortzmeyer, spécialiste des réseaux