Entrée n°3

Un Forum mondial sur les réfugiés s'est tenu mi-décembre à Genève. L'ONU rappelait à cette occasion que 70 millions de personnes étaient considérées comme déplacées ou réfugiées en 2018. Parmi les causes de ce record, le conflit en Syrie où les violences se poursuivent et impactent la région entière, l'exode principalement économique qui touche le Venezuela et qui concerne environ 15% de la population en 2019, les conflits internes en Colombie ou en République Démocratique du Congo, et les crises climatiques et alimentaires comme au Honduras.

The Conversation publiait le 15 décembre une analyse du rapport Implications of Climate Change for the U.S. Army paru fin octobre et issu d'une collaboration entre diverses agences appartenant au Département de la Défense (DoD) américain. Malgré les positions climatosceptiques du gouvernement américain, le DoD semble prendre très au sérieux les implications du changement climatique sur la doctrine et les méthodes opérationnelles de l'armée et suggère dans son rapport que l'adaptation n'est plus une option. Il identifie les pays touchés par les migrations climatiques comme des zones d'instabilité importantes et de potentiels théâtres d'opération futurs, prenant l'exemple du Bangladesh, où selon l'auteur « le déplacement permanent d'une grande partie de la population est tout à fait probable ». L'espace Arctique est également désigné comme particulièrement stratégique. Plus généralement, les analystes du DoD signalent les risques pesant sur l'approvisionnement en eau, en électricité et surtout en carburant de l'armée à l'étranger, mais également sur les vulnérabilités des infrastructures du territoire national. Pour y remédier, les auteurs suggèrent de poursuivre la recherche dans le domaine du stockage et de la gestion du réseau électriques, de l'efficacité énergétique et de la robotisation.

Un autre rapport émanant d'une division de recherche prospective du DoD explore quant à lui les implications liées à la cybernétique des soldats. Ses auteurs évoquent le développement d'une interface homme/IA, ou encore de systèmes de contrôle musculo-squelettiques optogénétiques (stimulation des muscles par des capteurs implantés sous la peau et produisant des impulsions lumineuses). Mais ils mettent également en lumière certaines problématiques éthiques, juridiques et sociales : le soldat amélioré doit-il être considéré comme un homme, une machine, ou appartient-il à une catégorie nouvelle de soldat ? La convention de Genève s'applique t-elle à lui ? La perception sociale des cyborgs n'étant pas spécialement positive, le soldat augmenté ne risque t-il pas d'avoir encore plus de difficultés à se réinsérer après un conflit ? Faut-il, dans ce cas, le priver de ses prothèses lors de son retour à la vie civile ?

Une autre question agite les autorités du monde entier : qui est le propriétaire du produit d'une intelligence artificielle ? Le tribunal populaire du district de Shenzen Nanshan (Chine) a jugé qu'un article écrit par le programme Dreamwriter appartenait à l'entreprise (Tencent) qui avait développé ledit programme. L'Office européen des brevets, quant à lui, a refusé d'octroyer à l'IA DABUS les brevets demandés par ses créateurs, pour deux inventions qu'elle avait généré. De son côté, l'United States Patent and Trademark Office, le bureau des brevets américain, a ouvert une enquête publique en octobre dans l'optique d'apporter des modifications au droit d'auteur. La question semble plus complexe encore dans le cas d'une utilisation par l'IA de contenus protégés pour son apprentissage initial.

Échos de la mondialisation

« Tous les médecins (...) qui sont arrivés en Équateur ont du passer un examen. Mais cela ne nous faisait pas peur, car il n'y avait pas de questions auxquelles on ne savait pas répondre. » Martha, médecin cubaine

« Pensez-y, si vous avez déposé un échantillon de salive dans un tube pour le faire analyser par une entreprise de généalogie génétique et que l’on vous a annoncé que votre lignée rejoignait des ascendants de tribus guerrières de steppes russes, de braves Vikings qui semèrent le chaos et la destruction en Europe, et d’Égyptiens qui construisirent les pyramides. Il est très probable que vous ayez cette ascendance. Comme moi. » Juan Ignacio Pérez Iglesias, enseignant-chercheur à l'Université du Pays Basque